Els, résident:
L’œuvre « Les Bains à Ostende » dépeint de nombreux personnages pleins de vie, chacun vacant à ses occupations. On y voit de très nombreuses fesses nues, des chiens en train de copuler, un homme qui regarde dangereusement au fond d’un seau. L’œuvre rappelle quelque peu les foires flamandes et autres scènes loufoques de Brueghel, et ce n’est pas une coïncidence. Ensor était en effet un grand admirateur du célèbre maître flamand. Brueghel aimait aussi représenter littéralement des proverbes dans ses tableaux, l’un d’eux en contenait même quatre-vingts.
Se pourrait-il qu’Ensor ait lui aussi tenté l’exercice ? On voit ici un homme qui se laisse mener par le bout du nez, au sens propre comme au sens figuré. Une expression qui existe en néerlandais, mais il est plus probable que cela renvoie à une expression française (Ensor parlait couramment le dialecte d’Ostende, mais il s’exprimait et écrivait plus souvent en français).
Piquer une tête signifie aussi bien « faire trempette » que, littéralement, « pincer un visage ». Prenons l’exemple d’une carte postale qu’Ensor avait découvert dans le magasin de souvenirs de sa mère et de sa tante. On y trouve le même jeu de mots : « Danger de piquer une tête ». Il pourrait donc s’agir d’une double signification.